“My taylor is rich”. Good for you, my Chef is French (Hôtel de Crillon – Les Ambassadeurs)

La Place de la Concorde est ensoleillée depuis la salle des Comtes, où nous nous installons pour déjeuner. Gros piège, il fait un froid de canard dehors, le genre qui gèle les orteils et provoque une réponse réflexe à tous les serveurs (pardon, Valentin, bonjour Pierre) qui offrent à tour de rôle de nous “débarrasser de nos manteaux”. Non, encore un petit quart d’heure, merci, on attend que nos fringues fondent et on en reparle. Pourtant il fait chaud à l’intérieur de l’Hôtel de Crillon, et si la salle du restaurant les Ambassadeurs n’était pas si impressionnante au premier abord, on s’installerait presque en chaussons.

Mais ce n’est pas le propos ici – oh les filles, prenez une chambre, c’est un hôtel, non? Oui, plus tard, et oui, on vous parlera de l’hôtel. Mais aujourd’hui, c’est restaurant (1 étoile Michelin s’il-vous-plaît) et faute de bois dans la cheminée, on a envie de confier notre survie à M.Hache. Blague débile mais le fond est vrai: ce Chef timide nous met dans sa poche dès le début du repas, tant les saveurs nous sautent dessus (dedans). A ce stade, on enlève une écharpe et le nez se fait moins rouge.

Il se peut que ça ne dure pas, vu que le sommelier (Jérôme, badge en avant et tout souriant à l’idée de présenter ses vins chouchous), dégaine un Meursault pour lequel on craquerait bien, si on n’était pas des filles “à rouge”. Côte de nuits, rond et rassurant comme un pommeau de douche en plein hiver.

Arrivée + 15°C: ca va mieux, regardons la carte

Classique classique, mais plutôt que de faire ma rebelle (non mais tu comprends, je ne mange que des plats à l’azote liquide, le reste c’est soooo 1998),  autant céder maintenant et avouer que franchement, le Tourteau me fait de l’oeil, sûrement à cause du wasabi. Et puis en parcourant la carte, la question tombe: “c’est quoi un ormeau sauvage, une sorte d’oiseau”? C’est un mollusque? Ah, d’accord. Les langues d’oursin? Non plus. J’y connais rien mais j’ai l’application Wikipedia, bon à savoir pour la prochaine fois. Tiens, j’ai cru entendre parler de Région Centre? Toutes voiles dehors, fonçons.

Ce sera donc le Caviar de Sologne, gelee de concombre et mini blinis pour moi, et le foie gras de Canard des Landes, cuit en cocotte lutee (signature) pour silencio 2.En attendant, nous boulottons du pain et beurre – le choix est large, le choix est bon, addictif, c’est la 3e guerre mondiale des miettes sur les grandes nappes blanches du Crillon. Le duc nous aurait pourfendu lui-même.

Entrée en matière et puis entrée. Ce qu’on aime bien dans les grands restaurants, c’est que ça coûte très cher, mais qu’il y a toujours plein de petites surprises délicieuses  des pré-entrées pré-desserts, amuse-bouche et amuse-palais-de-bouche on ne sait plus trop, bref, de quoi faire. La lutte anti morosité version gastronomique.

Crème de carottes, anguille fumée, gelée de persil et chips de carottes

Le Caviar de Sologne et un travail étonnant sur la texture des concombres. C’est une assiette de surprises parfois piquantes, parfois douces, parfois… terre de contrastes, ça me va.

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Le foie gras. Il est cuit (silencio 2 doutait, et silencio 2 m’a ensuite tannée tout le chemin du retour sur “à quel point c’est super bon cuit en cocotte, et t’as vu la préparation et la présentation?)”. C’est vrai, je déteste le foie gras mais tout de même, j’aurais pu fondre devant ce qui a été amené à table.

Résistance. Chaleur chaleur..

Parce que ca y est, on n’a plus froid. Est-ce la vue de la place ensoleillée à travers les fenêtres, les plats ou tout simplement le coup de grâce du sommelier? En tout cas, beaucoup moins froid, c’est l’heure d’attaquer de front les choses sérieuses:

 La Saint-Jacques normande dorée, croustillant de noix, ravioles d’ortie au gorgonzola

Non, disons le de suite, les orties n’en veulent pas qu’à votre peau. C’est même super bon, avec la Saint-Jacques dorée (vous savez, le léger hâle dont on rêve un 1er février à Paris?).

Lieu jaune mimolette, endives braisées au vin de Jura

Le moine n’est plus un homme seul. Le plateau de fromages

Tête de moine et ses ouailles affinées, jusqu’à 36 mois. Les amateurs du genre admireront le choix large propose au restaurant du Crillon. Personnellement je n’aime pas, mais silencio 2 m’en a fait tout un, de fromage justement, à propos de ce qu’elle a dégusté. Moi je lui fais confiance, vous ça vous regarde.

J’ai cru voir du chocolat

C’est sûrement un signe divin envoyé mentalement par Jerôme Chaucesse, le Chef pâtissier des lieux. Ou juste la carte des desserts qu’on vient de nous amener à table, remarquez. Le truc, c’est qu’entre le finger chocolait et le choco-café, je suis à deux doigts d’une tragédie racinienne. Sauf que les dramaturges classiques n’avaient pas anticipé la naissance des îles flottantes au carpaccio d’ananas, de fruits de la passion et de mangue.

Panique. Dilemme. Scission sans tremblements. On est 3, ouf, la guerre du presque même nom n’aura pas lieu, livraison rapide sur la table, le temps d’une pause cigarette qui nous permet de découvrir la “boîte à clés” des voituriers du Crillon. Et d’apprendre que “non, ils ne crèvent pas de froid à l’entrée”. Nous voilà soulagées, retour à table pour l’apothéose finale: ah non, pas tout de suite, d’abord un bonbon au mojito, la version fun du digestif. C’est  frais, ça explose en bouche et on peut passer le cœur léger aux desserts.

Ah tiens, en parlant de “pré-quelque chose”, voici le pré-dessert qui prépare la bouche à recevoir le chocolat; ca sonne comme une onction, et si c’est le cas je retourne à l’Eglise des demain. Macaron (aaaaaaah), brownie aux noix et .. euh… je l’ai mange avant d’en noter le nom. Our bad.

silencio 2 crie “le petit noir, sur la photo, je ne l’ai pas goûté!”. Mouahaha, rire machiavélique. Moi si. ** c’était la minute de digestion vengeance **

Finger chocolait, croustillant praliné, mousse au chocolat « Jivara », glace banane-citron vert

Choco-café, jeu de textures en chaud et froid

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L’île flottante

Café serré et petits chocolats… mais dites moi, ces boîtes…dites moi….

Dis moi pas que c’est pas vrai: toi ici?

Toi, c’est lui, Christofle. De la corbeille à pain jusqu’aux couverts et aux boîtes à sucre, ca sent bon le Vertigo, version Andrée Putman ou si proche. Incroyable, comme une touche de Pershing Hall qui flotte dans l’air (ou plus récemment, au Sra Bua By Kiin Kiin du Kempinski Bangkok).

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Verdict Sex&the City

Tres honnêtement, nous n’étions pas emballées par le Crillon, suite à une expérience de portier désagréable. La faute aux Converse, sûrement. Là rien de similaire: donc contrition, mea culpa, on s’est plantées et ça arrive! Suite à cet article, nous avons 10 Ave et 2 Pater de programmes. Ne vous laissez pas impressionner par le lieu, mais plutôt par la cuisine du Chef Hache, ça ira beaucoup mieux.

Sur ce on vous laisse, c’est l’heure du Dolirhume.

Mon taylor is rich mais moi c’est moins sûr. J’y vais ? Les prix.

A la carte, franchement vous oubliez, à moins d’avoir une carte black. En revanche, les menus sont très intéressants:

68€ le menu déjeuner (E/P/D)

150€ le menu dégustation le soir

Le dernier dîner aux Ambassadeurs sera composé d’un menu exceptionnel à 280€ par personne hors boissons.

Infos pratiques

Hôtel de Crillon Site Web
10, place de la Concorde
75008 Paris | France
Tel: +33 (0) 1 44 71 15 00

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